21 juin 2008

Interview d'un gréviste à Heineken

GREVE AUX BRASSERIES A HEINEKEN MONS EN BAROEUL (NORD)

Qu’est-ce qui se passe à Heineken ?
Il y a un 2ème PSE (Plan de (soi-disant) Sauvegarde de l’Emploi) qui prévoie 62 licenciements d’ici à 2010 sur 270 travailleurs. Il y a eu un 1er PSE en 2005 de 91 personnes. 150 personnes licenciées en 3 ans !
La direction veut augmenter la productivité en investissement dans un nouveau groupe boîtes et mini-fûts.
Ils font de plus en plus de bénéfices, on a de plus en plus d’intéressement et de participation, ce qui prouve qu’ils gagnent de plus en plus d’argent. Et ils rachètent des brasseries à l’étranger. Ils sont en train de faire une nouvelle brasserie en Afrique du Sud où les coûts salariaux sont moins importants.
Heineken est le plus gros fabriquant de bière en France.
En 2005, il n’y a pas eu de licenciements secs. Par contre, cette fois, ils refusent de prendre en comte les mesures d’âge (ceux qui ont 53 54 ans), ce qui ramènerait les licenciements à 47.
En juillet sont prévues des négociations pour aménager ces licenciements.

Comment ont réagi les travailleurs d’Heineken ?
Très mal. Avec tous les efforts qu’on a consentis pendant des années…Ils disent qu’il n’y a pas assez de boulot à Mons, mais ils prennent des intérimaires pour conduire les machines de conditionnement, et des ouvriers de maisons extérieures pour l’entretien des machines des transporteurs, alors que tout ça, on le faisait avant nous-mêmes ici !
Même l’inspection du travail ne peut rien faire ! Ce n’est pas logique !
On a fait grève 4 heures la semaine dernière. Puis une autre grève mardi 17 avec la grève nationale. On est allé en cortège à 150 participants, avec l’intersyndicale CGT FO CFDT demander le soutien du Maire de Mons, Monsieur Rudy ELEGEEST, PS. C’est la plus grosse entreprise de Mons.

Qu’est ce que vous demandez ?
on demande aucun licenciement.

Qu’est ce que le maire de Mons vous a répondu ?
Il a dit qu’il était solidaire avec nous. Qu’il soutenait le mouvement de grève. Il a promis d’aider les ouvriers monsois si besoin. Et- qu’il souhaitait nous revoir après la réunion avec la direction. Il en parlera avec Martine Aubry qui est présidente de LMCU(Lille Métropole Communauté Urbaine de Lille).
Qu’est ce que tu penses de sa réponse ?
c’est déjà bien qu’il nous soutienne.
Mais il adit qu’il ne pouvait rien faire pour obliger la direction de Heineken, mais qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour contrebalancer les plans de la Direction. Il a dit qu’il ne nous laisserait pas tomber.

Comment êtes-vous organisés ?
On a fait un AG de tout le personnel. On est parti de la Brasserie à la Mairie. Maintenant on a un préavis de grève permanent qui est déposé. On ne sait rien de plus.
On attend les négociations du mois de juillet, et après on verra ce qu’on fera. Il faudra qu’on ferme les portes, qu’aucun produit ne sorte si les licenciements sont confirmés. On a des maisons à payer, des familles à nourrir.

Le POI dont tu es un membre fondateur a été fondé le 15 juin. Il propose la nationalisation des grands secteurs clés de l’industrie et des banques. Qu’est ce que tu en penses par rapport à Heineken ?
C’est ce qu’il faudrait faire, que les gens gardent leur salaire. Ils n’auraient peut-être plus de participation, mais au moins ils auraient leur salaire. Mai il faudrait un salaire conséquent à cause du cours de la vie. Car le cours de la vie augmente et les salaires ne suivent pas. Ici, à Heineken, si l’entretien individuel n’est pas bon, on n’est pas augmenté (c’est à la tête du client). Beaucoup de salaires sont bloqués à cause de ça.
Mais l’intersyndical est unie, solidaire, tous ensemble sur zéro licenciements.